A votre santé !

Ca y est, aujourd'hui, et pour la première fois, je suis allé voir un docteur. C'est donc pour moi le prétexte tout trouvé pour vous expliquer un peu le système de santé américain.

La première différence avec la France, c'est qu'il n'y a pas d'organisme central géré collectivement par l'État, des employeurs et des syndicats des cotisations pour procéder au remboursement des dépenses de santé : à la place, il y a un système décentralisé où l'État américain verse une enveloppe à chacun des états, qui gèrent plus ou moins différemment leur propre système de soins. Autre différence, pas de système obligatoire de cotisation (contrairement à la retraire), chacun est libre de choisir ou non et selon sa situation personnelle comment il prendra en charge ses dépenses.

Pour les personnes âgées et les plus démunis, il existe deux programmes gérés par l'État : ce sont Medicare et Medicaid : l'État prend en charge les dépenses, et reste à la charge de l'assuré la franchise ou copay en anglais.

Pour la grosse majorité des gens en revanche (75% de la population américaine), ce sont des assureurs privés qui prennent en charge les dépenses de soins : l'idée étant probablement que le marché est le meilleur moyen de réguler les prix et in fine profiter à l'assuré/consommateur. Malheureusement la réalité ne rejoint pas la théorie, et seuls 10% ont les moyens de s'assurer directement, quand 16% de la population n'a aucune assurance. En fait, pour la plupart des gens, le seul moyen d'obtenir une couverture santé est de travailler dans une entreprise proposant une assurance à ses employés (tous les employeurs de plus de 25 salariés sont tenus par ailleurs d'en offrir gratuitement à leur employés).

Ces assurances santé, comment sont elles organisées ? Généralement elles proposent plusieurs types d'assurances. Le plus basique est le HMO (Health maintenance organization) : l'assuré a accès à à peu près tous les soins à condition de consulter uniquement des praticiens appartenant au réseau de l'assurance. Assez restrictif donc. Pour ceux qui sont prêts à mettre un peu plus la main à la poche, il y a les PPO (Preferred provider organization) qui permettent de sortir du réseau voire de s'en affranchir totalement, selon les options.

Et donc c'est tout ? pas vraiment... les contrats sont assez complexes dans la forme et dans le fond (en tout cas, quand j'ai du choisir le mien, cela n'a pas été évident, et ça s'est fini en "lisant les grandes lignes et faisons confiance aux amis"), et surtout le système de franchises est particulièrement plombant, et peut vite revenir assez cher. Par exemple mon assurance a un copay de 15$ pour une consultation chez un généraliste, et de 5$ par boîte de médicaments si ce sont des génériques (c'est bien plus si c'est la marque originelle, sauf s'il n'y a pas encore de générique disponible, dans ce cas c'est juste un peu plus...). Copay veut dire de ma poche ! Et là je vous entends d'ici : Kwwwwwaaaaa ? 15$ à payer sur une consultation c'est énorme !!! 5$ de copay sur une boite de médicament, mais c'est l'arnaque ?. Oui, ça sent l'arnaque mais bon, la consultation chez un généraliste coûte facile entre 100 et 200$, et ma boîte d'antibio classique pour 5 jours passait à 40$ en caisse...

C'est probablement là le problème du système de soins des États-Unis (enfin, c'est mon analyse personnelle à 3 francs six sous) : dans son souhait d'intervenir le moins possible dans son système de santé, le gouvernement laisse libre court aux laboratoires et les assurances (et peut être aussi les praticiens dans une moindre mesure) de fixer les prix. Or le but principal de ces entreprises reste quand même de gagner de l'argent, elles se sont relativement consolidées si bien que la concurrence ne joue pas vraiment, et les prix restent finalement élevés. Parmi les pratiques (observées ou rapportées par d'autres français, je ne me soigne pas si souvent que cela) :

  • les mêmes médicaments sont très souvent bien moins cher au Canada qu'aux États-Unis (et donc il existe des sites de vente par correspondance livrant aux US). Bien sûr acheter ses médicaments au Canada n'est pas remboursé, mais en faisant le calcul avec le copay, il est possible d'y gagner facilemement.
  • les laboratoires pharmaceutiques proposent des coupons à télécharger pour certaines de leurs spécialités, afin de réduire le copay !
  • certains praticiens effectuent des examens en plus non pris en charge, et te proposent de payer pour en connaitre les résultats (style, tiens je te fais un examen de l'oeil avec ma super machine. Maintenant, tu peux payer pour que je te donne les clichés ou alors, je peux te faire gratuitement le même fond de l'oeil mais old-school avec les gouttes qui piquent !)

Bref, un peu le bordel à comprendre (surtout quand tu as déjà du mal à expliquer tes symptômes en anglais), mais au final je fais partie des ces privilégiés dont l'employeur prend en charge la couverture de ses employés.

Pour ceux qui veulent en savoir un plus, il y a bien sûr wikipedia, mais aussi cet article de Rue89 sur la réforme portée par Obama (qui ne change pas fondamentalement le système mais rend un poil plus facile l'accès aux soins pour ceux qui en étaient exclus).

Commentaires

1. Le lundi 4 juillet 2011, 21:37 par Laurent Vaills

Bon au final, ça va mieux ?
Tu avais quoi ?

2. Le mercredi 6 juillet 2011, 06:53 par Laurent

Petite otite...